Cette fameuse transformation digitale, chacun y est bien sûr sensibilisé, et les articles sur le sujet sont pléthoriques. Cependant, si médias et experts insistent à la fois sur les risques et sur les opportunités majeures qu’elle représente, ils en expliquent rarement le contexte et la démarche.
Accumuler les chiffres et les études, parler d’uberisation à cors et à cris, n’apporte pas d’éléments concrets aux mutuelles et autres acteurs du marché de l’assurance et de la prévoyance, en vue de se transformer et in fine d’assurer leur pérennité dans un contexte sectoriel en pleine mutation.
En effet, si certains géants annoncent des investissements de plusieurs milliards d’euros pour accélérer leur transformation et multiplient les initiatives digitales, d’autres acteurs du monde de l’assurance – de taille plus modeste – se demandent encore comment aborder au mieux le virage de la transformation digitale.
Passé le moment de sidération face à l’ampleur de la tâche et des enjeux, il faut se mettre à faire les premiers pas, enchaîner les suivants, puis accélérer le mouvement une fois la direction sûre et la démarche maîtrisée…
Comment faire ? Par quoi commencer ? Comment utiliser au mieux les ressources (forcément limitées) à notre disposition ?
Deux choses semblent tout d’abord évidentes mais il convient de les rappeler en préambule :
- Chaque plan de transformation est unique et tient largement compte du contexte de l’entreprise.
- par ailleurs, la logique du « test and learn » très prisée actuellement, et souvent efficace, ne veut pas dire que la réflexion ne doit pas précéder l’action
Quatre étapes nous semblent essentielles dans la démarche de transformation digitale.
1) Le diagnostic interne
Dresser l’état des lieux du niveau de maturité digitale de la société et de ses collaborateurs constitue une première étape nécessaire pour savoir d’où l’on part.
Cette étape joue par ailleurs un rôle crucial dans la prise de conscience collective de l’importance et des enjeux du digital pour l’avenir de l’entreprise. Ce diagnostic sera donc un outil indispensable dans la définition de l’ambition digitale de l’entreprise.
2) La définition de l’ambition digitale
L’entreprise va devoir définir une ambition réaliste sur un niveau d’intensité digitale à atteindre conciliant stratégie, business et maturité.
Cette vision doit donc être claire, connue de tous et soutenue, tout au long du projet, par le top management.
3) La détermination et l’évaluation des initiatives
De cette vision va découler le recensement et l’évaluation des initiatives susceptibles de participer à la transformation digitale. Il est important que ces initiatives digitales soient évaluées sous le prisme de leur contribution à la réalisation des objectifs stratégiques de la société.
Plusieurs possibilités s’offrent aux entreprises pour repérer de nouvelles initiatives : hackathon, co-créations sous ses différentes formes, benchmark concurrentiel, etc.
En tenant compte de l’ambition et du diagnostic interne, les actions vont pouvoir être hiérarchisées, puisqu’il est illusoire et contre-productif de vouloir lancer de front l’ensemble des initiatives.
4) La mise en place d’une roadmap évolutive dans le temps
Cette roadmap doit comporter des lots échelonnés dans un laps de temps défini. L’utilisation de cette méthode de gestion de projets présente un grand nombre d’avantages : priorisation des projets à mener, limitation de l’effet tunnel, agilité notamment.
Une fois le lotissement effectué il est important d’instaurer un comité de revue régulière. Celui-ci se réunira de manière périodique afin d’évaluer le lot en cours ou le(s) prochain(s), la pertinence d’y intégrer de nouveaux projets, la digitalisation étant un sujet en constante évolution.
Dans l’optique de proposer une expérience plus unifiée aux utilisateurs, la MACSF a souhaité revoir l’ensemble de son écosystème digital. Ce programme très vaste a notamment intégré la refonte du site vitrine et la mise en place de nouvelles fonctionnalités où il a fallu valider le périmètre de service et son ordre de mise en œuvre en vue de « désengorger » le back office entre autres. Une roadmap a donc dû être définie pour prioriser et échelonner dans le temps les différents lots qui, ensemble, répondent à l’objectif fixé.
En résumé, c’est lorsque l’on aura défini une vision et donc les besoins associés, qu’il sera possible de « tracer le chemin » pour y arriver. La démarche doit pouvoir être très régulièrement challengée pour s’assurer de sa pertinence face aux évolutions internes comme externes à l’entreprise.
La réussite de cette transformation réside dans sa compréhension et l’adhésion des collaborateurs à celle-ci. Ces dernières seront d’autant plus forte qu’elles auront été favorisées par une conduite du changement, initiée au plus tôt.
La transformation digitale est un sujet éminemment stratégique, qu’il convient d’aborder avec ordre et méthode, afin d’éviter toute sortie de route …
Directeur Associé chez csaconsulting
NB : Article co-écrit avec Stéphanie Morata, senior manager chez csaconsulting.