Comment l’innovation est-elle abordée au sein des directions métiers ?
En prêtant attention aux rapports d’activité, aux annonces d’investissements relayées abondamment dans la presse, ou même aux récentes campagnes de communication, l’innovation occupe une place prépondérante dans le secteur des services financiers. Rien d’illogique en partant du constat qu’innover est devenu une question de survie dans un environnement où comportement et attentes clients, technologie et concurrence font l’objet de mutations rapides et profondes.
La question se pose alors de savoir comment cette injonction « innover ou disparaître ! » prend corps au sein des différents métiers de l’entreprise. On a beau expliquer que l’innovation est « l’affaire de tous », il est parfois difficile pour une direction métier de se lancer sur le bon chemin. Sur qui alors doit-on s’appuyer pour éviter de faire fausse route ? Nous allons ici aborder 3 axes de rapprochement à opérer par les métiers pour éviter de se lancer seuls sur la voie de l’innovation.
S’accorder sur la vision auprès de la fonction innovation
Avant même de se lancer dans une démarche innovation, les métiers ont tout intérêt à se tourner vers la fonction innovation centralisée, si elle existe, ou bien vers les dirigeants afin de s’accorder sur la vision et les objectifs assignés à l’innovation. Cette étape préliminaire permet d’être en phase sur la véritable raison d’être du processus d’innovation dans l’entreprise.
La fonction innovation va jouer également un rôle de facilitateur vis-à-vis des directions métiers en leur fournissant une écoute approfondie de leurs problématiques et en les aidant dans l’appropriation de méthodes utiles pour faciliter l’innovation (design thinking, agilité…). Elle peut également agir en tant que médiateur et promoteur dans le sens où elle mettra en avant les initiatives innovantes des métiers auprès des décisionnaires de l’allocation de ressources.
Un autre intérêt pour les métiers de compter sur la fonction
innovation tient dans sa dimension transversale et communautaire, ayant pour
mission d’aider les métiers dans la constitution de leur propre écosystème, par
exemple dans la recherche de startups et autres partenaires. Elle leur
facilitera la compréhension des besoins des startups et encouragera un mode de fonctionnement
adapté (recours à des cycles raccourcis, contrats simplifiés…).
Contribuer au changement de culture avec la direction des ressources humaines
Le processus d’innovation requiert un état d’esprit et des compétences spécifiques, à développer en interne et à compléter si besoin depuis l’extérieur. L’implication de la direction des ressources humaines constitue forcément un levier essentiel sur les aspects de recrutement, de management et de montée en compétence au sein des métiers.
La politique de recrutement évolue progressivement pour orienter le recrutement, en interne ou en externe, vers des profils sortant du cadre, apportant un regard nouveau et adoptant d’autres méthodes de travail et managériales. C’est un enjeu essentiel pour les métiers que de confirmer cette volonté de changement dans les process de recrutement auxquels ils participent.
L’acculturation passe également par une revue et adaptation des systèmes d’objectifs et de rémunération variable, tant individuels que collectifs, de façon à valoriser l’esprit d’initiative, la créativité et l’innovation. Aussi, la fonction RH doit aider chaque direction métier dans la promotion de pratiques favorisant l’autonomie des collaborateurs et leur esprit entrepreneurial.
Cultiver son propre écosystème innovation et s’appuyer sur l’open innovation.
On l’a vu précédemment au travers des missions de la fonction innovation, la constitution d’un écosystème innovation permet aux métiers de se connecter à un réseau de partenaires, d’experts ou encore d’utilisateurs pouvant leur être utiles dans une démarche de co-construction.
La première étape de construction de cet écosystème innovation consistera à s’ouvrir aux différentes parties prenantes internes de l’entreprise, afin de tirer profit d’éclairages variés sur une thématique commune. La seconde étape sera d’identifier des acteurs externes à l’entreprise, porteurs de solutions technologiques, managériales ou encore commerciales qui ne pourraient être apportées par les ressources internes.
Ainsi, cette logique d’open innovation favorisera l’émergence d’idées réellement différenciantes au bénéfice des métiers et de leurs clients. Tout en s’appuyant sur les services de la fonction innovation, les métiers ont tout intérêt à s’approprier et dessiner les contours exacts de l’écosystème le plus porteur d’innovation en sélectionnant les partenaires à forte valeur ajoutée.
Conclusion
Les directions métiers font face à une position difficile, quasiment schizophrène, à tenir : exceller dans l’exploitation tout en étant impliquées dans les démarches d’exploration. Nous avons vu qu’elles doivent en premier lieu se tourner vers la direction générale pour s’aligner sur la vision et les objectifs de l’innovation. Ensuite, les directions métiers trouveront le soutien nécessaire auprès de la fonction innovation et des ressources humaines, mais également de leur propre écosystème innovation, pour faire croître l’esprit d’innovation en leur sein, et faire face aux enjeux d’un monde en perpétuel mouvement.
Par Mathieu Le Tonqueze
Février 2020